Stedeljik Museum© Dennis van de Water - Shutterstock.com.jpg
Fille au Chapeau rouge par Johannes Vermeer, huile sur toile, 1665-66 © Everett Collection - Shutterstock.com.jpg
La Laitière par Johannes Vermeer, huile sur toile, 1660 © Everett Collection - Shutterstock.com.jpg
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NDSM-werf © fokke baarssen - Shutterstock.Com.jpg

Un centre historique de l’art moderne et classique néerlandais

Deux périodes prospères caractérisent l’art néerlandais : le XIXe siècle et ses peintres réalistes, et le XXe siècle et ses artistes, designers et sculpteurs modernes. Pour admirer leurs travaux, la plupart des grands musées se concentrent dans le Museumkwartier, sur la place du Musée (Museumplein), créée à la fin du XIXe siècle après l’Exposition coloniale internationale de 1883, véritable cœur culturel de la ville. On y trouve, au nord, le fameux Rijksmuseum, bâtiment néogothique achevé en 1885 et consacré aux beaux-arts, à l’artisanat et à l’histoire du pays. Il est le plus important musée des Pays-Bas en termes de fréquentation et de collection, avec chaque année plus de 2 millions de visiteurs et un fond d’un million de pièces environ, dont les plus grands chefs-d’œuvre de la peinture hollandaise du XVIIe siècle. Le nord-ouest de la place abrite le musée Van Gogh, un bâtiment moderne dessiné par Gerrit Rietveld, architecte hollandais majeur qui a aussi conçu l’école d’art et de design d’Amsterdam qui porte son nom. Tout entier dédié à Van Gogh, il met en valeur une œuvre majeure dans l’histoire de la peinture européenne (et comptant plus de 2 000 travaux !), bien que peu considérée du vivant de l’artiste. Enfin, jouxtant le musée Van Gogh, on trouve le plus important musée d’art moderne de la ville : le fameux Stedelijk Museum, rénové et agrandi en 2012. On peut admirer au sein de ce bâtiment étonnant les œuvres de grands artistes et designer néerlandais – de Piet Mondrian à Karel Appel –, mais aussi internationaux.

L’âge d’or hollandais

C’est en grande partie pour admirer la peinture hollandaise du XVIIe siècle que les foules de visiteurs envahissent chaque année le Museumkwartier d’Amsterdam. En effet, c’est à cette époque de prospérité économique que la république des Provinces-Unies, futur état de Hollande, naît et se développe, entraînant avec elle toute une génération d’artistes qui participent au rayonnement de leur patrie bien au-delà du XVIe siècle, en dépeignant ses paysages, ses habitants et leur vie quotidienne avec un naturel et une sensibilité jamais vus jusqu’alors. En effet, grâce au développement du marché de l’art, les peintres n’ont plus besoin d’attendre les commandes pour travailler, mais préparent à l’avance des tableaux aux sujets divers, prêts à être vendus, d’où cette production considérable avec plus de deux mille peintres répertoriés, dont Rembrandt van Rijn (1606-1669) et Johannes Vermeer (1632-1675) sont les deux figures les plus marquantes.

Rembrandt van Rijn (1606-1669)

La carrière de Rembrandt, né à Leyde (Leiden) en 1606, suit l’histoire de sa patrie, puisque le sommet de son succès coïncide à une période de croissance économique, puis s’amenuise avec le déclin du pays. Après un passage à l’université, ce fils de meunier fait son apprentissage des techniques picturales dans l’atelier de Jakob Van Swanenburgh. Son talent l’amène à Amsterdam en 1624, où il devient pendant six mois l’élève d’un peintre d’histoire renommé, Pieter Lastman, qui lui transmet une technique d’expression de la lumière inspirée de la peinture italienne. Après avoir fondé son propre atelier dans sa ville natale, le jeune peintre s’installe définitivement à Amsterdam où il peut jouir pleinement de son succès. Il reçoit alors sa première commande d’importance de la part de la corporation des chirurgiens : le tableau intitulé La Leçon d’anatomie du docteur Tulp, aujourd’hui exposé au Cabinet Royal de peintures de La Haye (ou Mauritshuis). Son style novateur remporte un succès considérable et lance l’artiste sur la scène amstellodamoise. Parmi les premiers portraits peints à Amsterdam (une cinquantaine entre 1932 et 1934), figurent également deux de la jeune Saskia, fille de bourgmestre qu’il épouse en 1634. Cinq ans plus tard, il s’installe avec elle dans une maison bourgeoise du quartier juif, où il monte un atelier prospère. Mais une avalanche de drames bouscule sa vie familiale, à commencer par la mort de Saskia en 1642. Il se renferme alors dans la solitude pour s’adonner pleinement à sa pratique, incompris de ses contemporains, déroutés par la facture de plus en plus audacieuse d’une œuvre libérée des conventions artistiques et toute tournée vers la spiritualité et l’émotion. En 1657, ruiné, il quitte sa demeure pour la discrète maison du Rozengracht, où il continue à peindre avec acharnement (Saül et David, L’Enfant prodigue…). Il voit sa seconde femme et son fils disparaître tour à tour en 1664 et 1668 et peint sa dernière toile d’importance, La Fiancée juive, exposée au Rijksmuseum, avant de s’éteindre en octobre 1669 dans la solitude et l’indifférence.

Johannes Vermeer (1632-1675)

Vermeer eut une certaine notoriété de son vivant, mais il tombe rapidement dans l’oubli pour n’être redécouvert qu’à la fin du XIXe siècle. En 1866, Étienne Thoré, critique d’art français, écrit sous pseudonyme une étude passionnée qui suscite l’intérêt des historiens d’art. À la fin du siècle, Vermeer inspire les impressionnistes, ou encore Paul Claudel et Marcel Proust. Sa renommée est définitivement consacrée en 1947 grâce au procès retentissant de Van Meegeren, un faussaire habile qui parvint à vendre des copies d’œuvres célèbres à plusieurs grands musées ! Si sa postérité est mouvementée, la vie de Vermeer est des plus sobre, du peu que nous en savons. Né à Delft en 1632, l’artiste aurait été formé par Carel Fabritius, disciple de Rembrandt. Il se marie en 1653, puis est reçu maître à la guilde de Saint-Luc à Anvers dans les années 1960. En 1672, des difficultés financières l’obligent à regagner sa ville natale, où il meurt à 43 ans. Cette courte carrière ne nous laisse aujourd’hui qu’une quarantaine de toiles, principalement conservées au Rijksmuseum et au Mauritshuis. Mais cette lenteur est corrélative à la finesse d’une œuvre dont le réalisme est d’une tout autre nature que celui de ses contemporains : les gestes sont simples ; les expressions sont retenues et paisibles ; les détails, nombreux, sont toujours traités avec une même économie. Ces peintures, malgré leur retenue et la sobriété de leur composition (qui suit des rapports géométriques stricts), sont baignées d’une atmosphère harmonieuse qui leur confère une forte dimension symbolique et morale. Et cela n’est en rien dû à ses sujets, car là aussi Vermeer reste le peintre de la simplicité. On retrouve principalement des intérieurs intimes et, dans ceux-ci, des femmes dont la présence, d’une grande densité, s’imposent par leur absence. Concentration dans La Laitière, sommeil de La Jeune Femme endormie, oisiveté rêveuse de La Femme à la fenêtre. Pour atteindre ce sublime, deux secrets, outre une technique incomparable : l’utilisation d’une chambre noire et des sujets en pleine clarté (contrairement à la mode du clair-obscur venu d’Italie), dans une lumière dont Vermeer dépeint le caractère variable selon les matières sur lesquelles elle se reflète.

Vincent van Gogh (1853-1890)

Vincent Van Gogh naît le 30 mars 1853 au presbytère de Groot Zundert, dans le Brabant. Fils de pasteur calviniste et neveu de trois oncles marchands de tableaux, il est destiné au commerce des œuvres d’art et fait donc ses débuts dans la galerie Goupil à La Haye (1869), à Londres (1873-1874), puis à Paris (1874-1875). Personnage angoissé et profondément mystique, il se charge d’une mission évangélique chez les mineurs du bassin houiller du Borinage, mission qui se solde par un douloureux échec : sa générosité, son approche fraternelle des mineurs, dont les conditions de vie, le bouleversent ainsi que son interprétation plutôt libre des Évangiles provoquent l’ire des autorités. En 1880, Van Gogh étudie le dessin à Anvers et réalise des croquis de mineurs inspirés de Millet, pour lequel il éprouve toujours une grande admiration (« le seul peintre qui ouvre un horizon pour beaucoup de gens », se plaît-il à répéter). Il commence à étudier la peinture grâce à l’aide matérielle de son frère Théo et à celle, psychologique, de son cousin Anton Mauve, peintre déjà connu de l’école de La Haye. Chez son père, au presbytère de Nuenen (1883-1885), il peint inlassablement des paysages, des natures mortes et des scènes de la vie paysanne d’un réalisme tourmenté où se lit une sensibilité déchirée (Les Mangeurs de pommes de terre, 1885, en est un bon exemple). Venu rejoindre son frère à Paris, Van Gogh suit des cours à l’atelier Cormon, où il rencontre notamment Toulouse-Lautrec et Gauguin. De cette période datent différents autoportraits, réalisés avec des couleurs très claires et une touche fragmentée. L’année 1888 marque le début d’une époque particulièrement créatrice. Installé à Arles, Van Gogh travaille fiévreusement : Vue d’Arles aux iris, Les Tournesols, Les Barques sur la plage, L’Arlésienne… Il s’affranchit de la représentation traditionnelle au profit d’une simplification des formes et d’une palette aux tons vibrants. C’est à cette époque que sa relation avec Gauguin, venu le rejoindre à Arles, devient tumultueuse. Au cours d’une crise de délire, il se coupe un morceau d’oreille. Suivent deux séjours à la maison de santé de Saint-Rémy où il poursuit son travail : Les Blés jaunes au cyprès, Champs d’oliviers. En 1890, il revient à Paris, puis s’installe à Auvers-sur-Oise, surveillé par le docteur Gachet, ami de Pissaro et de Cézanne. De cette période datent La Mairie à Auvers et le Champ de blé aux corbeaux où s’exprime un lyrisme dramatique. Il se suicide par balle le 27 juillet 1890. Précurseur des fauves et de l’expressionnisme, ce visionnaire presque ignoré de son temps est devenu, au XXe siècle, une figure légendaire. Son œuvre, dont il souhaitait qu’elle exprime les terribles passions humaines, a trouvé de nos jours une audience rarement égalée. En 2011, l'œuvre Van Gogh : The Life remet en question sa mort par suicide et apporte un nouvel éclairage sur la vie de l'artiste. Une biographie à lire, recommandée par le musée Van Gogh.

Une capitale culturelle dynamique pour apprécier l’art contemporain

Outre ses grands musées, Amsterdam compte une centaine de lieux indépendants qu’il serait dommage d’ignorer, de De Appel au Mediamatic. On recommande tout particulièrement le Foam Photography museum, un excellent repère pour les férus de photographie, qui s’attache à mettre en valeur la création émergente dans un pays où les jeunes générations de photographes ont particulièrement le vent en poupe depuis une dizaine d’années. On pense par exemple à Rineke Dijkstra, Désirée Dolron, Dustin Thierry ou Erwin Olaf, artistes dont le succès est international et qui savent jouer avec la lumière avec autant de grâce que les grands peintres qui les ont précédés.

Chacun à leur manière, ces lieux se font un devoir d’exposer la fine fleur de la création artistique contemporaine, aussi sont-ils le meilleur moyen de se familiariser avec la production actuelle. Ces établissements comprennent souvent plusieurs plateformes contenant des espaces dédiés aux expositions ou aux concerts, mais aussi des cafés et des restaurants. Pour les visiter, on sera fort bien conseillé par un excellent mensuel, Art Alert, disponible dans tous les bons kiosques. Cette revue met à disposition le programme de chaque galerie (des grandes villes néerlandaises) ainsi qu’une foule de renseignements : adresse, téléphone, horaires et jours d’ouverture, et même le nom du galeriste et des cartes détaillées de la ville. Vous y trouverez également quelques articles de fond (en néerlandais !) ainsi que la liste exhaustive de tous les musées et autres manifestations picturales du moment, accompagnée de tous les renseignements utiles.

Le street art subtil et coloré des rues amstellodamoises

L’art d’Amsterdam ne se trouve pas seulement dans les musées et galeries, mais aussi sur les murs de la ville ! Il suffit de se promener dans les rues et au bord des canaux pour découvrir ses œuvres de toute taille – du petit « space invader » caché dans un recoin aux fresques murales. Mais comparé au street art des autres capitales européennes, cet art de la rue amstellodamois est subtil et modeste. Les œuvres interagissent souvent avec leur environnement de manière humoristique, elles ne cherchent pas à imposer une image spectaculaire, mais plutôt à se fondre dans le paysage urbain, pour inviter les promeneurs à mieux le ressentir. C’est le long de la Spuistraat, une rue pittoresque qui débouche sur la fameuse Place Spui et compte de nombreux lieux historiques, que l’on peut admirer la plus grande concentration de graffitis. Presque entièrement recouverte de peintures, cette artère du centre-ville vaut le détour. Et pour preuve : certaines compagnies en proposent même des visites guidées ! On compte parmi les artistes les plus célèbres Alice Pasquini, Space Invader, Stinkfish ou encore Zaira et FAKE. Un autre lieu clé du street art à Amsterdam est le NDSM-werf, ancien chantier naval transformé en centre culturel qui accueille tout au long de l’année des manifestations artistiques et musicales. Après un petit trajet en ferry, rien de tel qu’une promenade au bord de l’eau pour admirer cet art jeune et coloré ! Et pour ceux qui veulent approfondir leur connaissance du street art, on recommande bien sûr le SAMA, un écomusée tout entier dédié à cette pratique, qui s’attache à mettre en valeur son environnement immédiat, en utilisant l'art comme outil de dialogue social.